Accueil Culture et histoire Personnage Jean Marie Le Jean
Fils nature de Barbe Le Jean, son grand-père était tisserand. Il fut baptisé solennellement le lendemain par l’abbé Quéméner. Le parrain de l’enfant, Jean-Marie Le Jean, était sacristain et c’est sans doute la raison du baptême solennel.
Aucun renseignement sur lui jusqu’à l’année 1856, où on le trouve instituteur à Loc Envel, petit bourg situé contre la forêt de Coat-an-Noz (c’est l’origine de son pseudonyme). Déjà il est en relation avec le barde-marchand de vins Lescour, de Morlaix, avec lequel il correspondra jusqu’à la mort de ce dernier en 1870.
En 1857, Le Jean est nommé instituteur à l’école primaire supérieure de Guingamp. Quand il se marie (pour la première fois) en 1858, il se fait nommer à Trédarzec. Neuf mois après il perd sa femme, et tôt après il se remarie avec Françoise Caris, veuve du greffier Le Gueut, de Tréguier. A nouveau veuf en 1859, Le Jean sollicite de quitter Trédarzec et de revenir à Guingamp. Il est fait droit à sa demande.
Activité littéraire
C’est durant la période de son deuxième séjour à Guingamp que Le Jean manifestera le plus son activité littéraire : il publie des gwerziou dans la Revue de Bretagne et de Vendée, le Conteur breton (Rennes), d’autres, grâce sans doute à la générosité toujours bien grande de Lescour à son égard, paraîtront sur feuilles volantes. Il compose également des cantiques et traduit en breton le Paroissien romain, qu’imprimera H. Vatar, de Rennes.
Malheureusement l’édition presque entière sera détruite dans l’incendie qui consuma les magasins de l’imprimeur en 1875, il ne subsiste de ce travail de réelle valeur, dit-on, que les cent exemplaires qui avaient été déjà vendus. C’est également durant cette période qu’il recueillera des manuscrits de mystères bretons, qui feront plus tard partie de la collection L. Bureau, de Nantes.
La malchance du poête
Le 19 avril 1872, Le Jean perd sa troisième femme, Augustine Robillard, de Guingamp, qu’il avait épousée le 19 avril 1870. Le chagrin que lui causa ce troisième deuil, la malchance qui paraissait le poursuivre furent sans doute les raisons qui le poussèrent à s’adonner à la boisson. Il est envoyé en disgrâce à Pontrieux, à Collinée. Peut-être menacé d’un nouveau déplacement, Le Jean donne sa démission et se réfugie à Paris ou aux environs, muni probablement d’une lettre de recommandation de Luzel, qui était son ami, à l’adresse de H. Gaidoz, alors directeur de la Revue celtique qu’il avait fondée.
Les biographies de Le Jean indiquent qu’il mourut à Paris, en 1876, à l’hôpital. Ce décès, s’il est survenu en 1876, n’a pu avoir lieu que dans les derniers mois de cette année-là. A la date du 11 octobre 1876, on trouve ces quelques lignes dans une lettre de Gaidoz à Luzel : « Je viens de recevoir la visite de Lejean qui a quitté Montmorency et cherche une place à Paris! Sur la garantie que vous m’avez donnée de son honnêteté, je l’ai envoyé à Blot, directeur de l’Instruction publique et à Defodon, directeur du Manuel de l’Enseignement primaire. Mais le pauvre homme a contre lui d’avoir l’air un peu fou, de ne pas sentir comme il se rend ridicule avec les histoires de sa troisième et intrigante épouse, et puis d’avoir l’haleine alcoolique ». Que devint-il après cette visite, on l’ignore.
Ses œuvres
Ses poésies, publiées dans des revues telles que la Revue de Bretagne et de Vendée ou sur feuilles volantes, ne furent jamais rassemblées en recueil, on ne les reconnaît pas encore comme une oeuvre à part entière. Elles témoignent aussi du tournant que prend la littérature bretonne à la fin du XIXème siècle.
Comme d’autres écrivains bretons de sa génération, Jean Marie Le Jean poursuit en effet le gros effort sur la langue que le grammairien breton Jean Marie Le Gonidec a commencé quelques décennies plus tôt.
■ Il a composé un chant parlant de la commune de Plounérin
Le chant À Mme Corgne, au château de Kerigonan débute par :
« Dieu donne à chaque pays un ange et ici nous connaissons tous son nom : elle soulage faim soif et peine, elle est un exemple de sainteté, protège le pauvre et la veuve, accueille le voyageur, enseigne les enfants... Sur la lande de Plounérin, on l’appelle Madame Corgne et elle va élever une église pour saint Nérin. Longue vie à la rose du château de Kerogonan ! ».
■ Il a collaboré à l’écriture d’œuvres littéraires comme :
Sources et informations à l’adresse http://kan.bzh/auteur-00443.html
Il est un vieillard, impartial et insensible, qui se moque des années et vieillit chaque jour, il accompli sa tâche aussi activement que jamais, car, malgré son grand âge, il est toujours jeune.
Il n’épargne et n’épargnera rien, son nom est dans les quatre coins du monde, sur les oeuvres des hommes on remarque son empreinte, et dans les lieux où il passe il fait naître la pitié.
C’est lui qui fait reculer la mer, qui fait pousser les forêts, il détruit les villes et engendre la guerre, il ne laisse rien en paix, toujours furtant, il découvre partout une foule de choses pour les détériorer.
C’est lui qui nous fait courber le dos, qui fait blanchir notre tête, c’est lui qui nous donne un bâton quand il nous a rendu boiteux, et lorsque nou seront mors, que fera-t-il ensuite ? Dessécher nos os et détruire nos tombes.
O temps ! que tu es cruel, que ton joug est pensant, on a beau t’invoquer, tu demeures toujours sourd, ta faux coupe sans relâche et tu jettes dans l’oubli ceux qui vécurent autrement dans les honneurs.
Papes, évêques, prêtres et bourgeois, dorment tour-à-tour silencieux, sous leur froid manteau, et ceux (les antiquaires) qui tentent de les transmettre à la postérité, meurent aussi et sont oubliés !
Quand tu as besoin d’aide, tu trouves des vandales qui brisent à coups de masse les beaux calvaires des chrétiens, et les révolotionnaires font disparaître sous l’argile et la chaux les autres belles choses broyées avec plaisir et joie !
Tout passe, sache-le bien, et tes nombreuses cachettes ne sont pas introuvables, aujourd’hui les vandales, s’il y en avait encore au monde, grinceraient des dents à la vue de leur ouvrage.
Quand les vieux Saints virent en bretagne pour évangéliser nos pères, une croix de chêne fut érigée sur les tables de pierres (dolmen) des Druides.
Du sommet du Peulvan placé haut de la montagne, la croix de Jésus Christ fit voir que le règne du péché était passé, ainsi que celui du paganisme.
Quand le Celte, alors chrétien, passait dans les ravines, il courbait respectueusement sa tête arrogante devant le signe de la Rédemption.
Quand il eut bâti des églises, il plaça la croix sur les autels du vrai Dieu, et la mit également à la pointe de ses cloches à jour.
Mais le temps rongeait les croix de bois et les faisait tomber en poussière; quelqu’un, voyant cela, dit en riant : « Mettons la pierre à l’extérieur, et le bois à l’extérieur ».
Et le voila qui se met à l’oeuvre pour transformer en calvaire une pierre fine et dure; est-ce que les Celtes, ses pères, ne confectionnaient pas leurs armes avec des galets !
Kanaouennoù zo danvez enno
Pa zeuaz ar Zent koz da Vreiz,
Da zigas d’hon Tadou ar Feiz,
Eur groaz dero a oe zavet,
War daoliou-mein an Drouizet.
War ar peulvan, er menez-braz,
Kroaz Jesuz-Krist a ziskouezaz,
E oa torret ren ar Pec’hed,
Koulz hag hini ar baganed.
Enn henchou doun, pa dremene,
Ar C’heltiad, kristen neuze,
Oweloud arwez ar Zalver,
A stoue d’ezhan he been terr.
Goude-ze, war ann aoteriou
A oe zaved enn ilizou,
Ar groaz santel a lekeaz,
Ha war he dour kleuz he gwintaz.
Hogen ann amzer a groge
Er c’hroaziou koad hag ho breine;
Eur re a lavaraz dre c’hoarz :
« Ar mean er meaz, ar c’hoad ebarz ».
Ha setu he-man da ober
Gand eur mean kaled eur c’halver :
Ar C’heltiaded he dadou
Gant bili a rea ho armou !